Au tournant du XXe siècle, les débats sur l’hérédité et le déterminisme biologique traversent l’ensemble des sciences, naturelles, médicales et sociales, laissant une large place à l’irrationalité dans le développement individuel et collectif. Freud et Weber s’y sont confrontés en s’attachant à définir la nature de la conscience et de l’inconscient pour comprendre les phénomènes de leur époque : ceux des masses en colère, de la religion et de l’antisémitisme, enfin de la guerre mondiale. L’intérêt de comparer ces deux pensées ne tient pas seulement au fait que pareille tentative a été rarement menée. Il tient surtout au fait que les mêmes questions se posent à nous aujourd’hui : celle de l’irrationalité du champ politique ; la dépersonnalisation individuelle et l’aliénation collective dans le groupe ; la soumission à l’autorité et le désir de la force ; enfin, celles concernant le risque toujours menaçant du renversement des démocraties dans les régimes autoritaires et la revalorisation incessante d’un antisémitisme jamais éteint.
François Bafoil (Auteur)
François Bafoil est sociologue, directeur de recherche au CNRS (CERI-Sciences Po). Il a notamment publié L'inlassable désir de meurtre (2017) et Max Weber, Réalisme, rêverie et désir de puissance (2018).
Nous diffusons des cookies afin d'analyser le trafic sur ce site. Les informations concernant l'utilisation que vous faites de notre site nous sont transmises dans cette optique.