Stig Dagerman

« Je suis né étranger »

Claude Le Manchec
couverture

L’œuvre de Stig Dagerman se déploie dans plusieurs genres (roman, nouvelle, poésie, théâtre, essai, reportage, etc.). Mais quel est au juste le socle commun de tous ces écrits ? Longtemps on a cherché la réponse à cette question dans un courant de pensée : l’existentialisme. Formons plutôt l’hypothèse que, chez Dagerman, littérature et engagement ne font qu'un : s’il doute souvent du rôle de l’écrivain dans la société, le jeune auteur suédois reste en revanche intimement persuadé que l’écriture est en soi un travail de constitution de valeur, que la littérature peut être tout autre chose qu’un simple « jeu de société ». Mais ce travail est immense surtout dans le moment qui est le sien, c’est-à-dire au sortir de la Seconde Guerre mondiale ; et ce travail ne peut se soutenir que d’exigences sur la langue et sur les formes. Dès lors, chez Dagerman, des doutes surgissent sans cesse sur sa capacité à être à la hauteur de la tâche qu’il s’est fixée. Sollicité une nouvelle fois en 1950 par son éditeur qui attend de lui un cinquième roman, il tente de justifier son silence et finalement se résume par cette phrase : « Je suis né étranger ».

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