L'épistémè baroque : Le mot et la chose

Le mot et la chose

Jean-Claude Vuillemin
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Consubstantiel à l'émergence de la science moderne et caractéristique du pli d'une civilisation en crise, mon Baroque relève moins de l'esthétique que du philosophique. Refusant le pari nihiliste que pourrait susciter le constat d'une époque détraquée « all in pieces » (J. Donne) , le Baroque se nourrit de ce dont il est privé : non en suppléant à ce manque par un rêve d'idéal, mais en puisant au coeur même de cette déficience l'énergie capable d'en pallier la carence. Si, comme le postule Foucault, l'épistémè moderne des XIXe et XXe siècles invente l'homme en tant qu'objet de connaissance, l'épistémè baroque que Foucault, victime des oeillères de l'Histoire (littéraire), a négligée produit l'Individu comme sujet de maîtrise. La rupture des médiations entre le Ciel et la Terre donne lieu à un Sujet qui va s'estimer « maître de lui comme de l'Univers » (Cinna). Après que Dieu s'est retiré de la scène du monde en cessant d'apparaître comme le principe indiscutable d'autorité, il va incomber au Moi de s'approprier le Monde. Du décryptage du liber mundi on passera ainsi à la mise en scène du theatrum mundi. Sapere aude (« Osez savoir ») : l'adage fameux que Gassendi emprunte à une épître d'Horace est peut-être moins emblématique des Lumières, comme l'affirmera Kant corroboré par Foucault, qu'il constitue plus légitimement la fière devise du Baroque ; de l'épistémè baroque dont cet ouvrage propose la généalogie.
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Jean-Claude Vuillemin

18/07/2019

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